Son visage se ferma d'un seul coup et regardant droit devant lui il lacha un peu agacé:
Saches que je n'oublie rien Maeven. Et encore le voudrais-je qu'il me serait impossible de le faire. Chaque jour me rappelle le poid de leur lame dans ma chaire.
Il continua sur un ton plus léger mais néanmoins sérieux:
Et si je ne crains rien? Oh qui si! Je crains l'homme et son infinie bêtise, je crains les vérités parfois bien trop lourdes, je crains la mort et la douleur et je me crains moi, capable du pire tout comme mes semblables.
Tu vois je crains beaucoup de chose car craindre c'est aussi anticiper. C'est de la peur dont je me defais, car sans la peur tout est beaucoup plus facile à apréhender, la peur tétanise et empêche de penser, parfois pire, elle laisse les autres penser pour nous.
Je crains la terre entière mais le monde ne me fait pas peur.
Il resta silencieux un moment. Il aurait tant aimer pouvoir croire un instant aux inepties qu'il proférait et faire fi de la peur, mais les mots qui sortaient de sa bouche n'étaient pas vraiment les siens mais ceux d'un vieux souvenir encapuchonné.
Il avait recontré la peur bien tard, en perdant son insouciance et son paternel, il ne voulait pas l'admettre. Certaines plaies sont plus profondes que le plat d'une épée.
Puis dans un large éclat de rire il ajouta:
Tu as raison! Confectionnons nous une cache digne des bandits de grands chemins que nous sommes! Et dans quelques jours se sera nous l'incarnation de la crainte et de la peur dans tout le poitou! Ah ah ah!